samedi 11 décembre 2010

LE BAR, Espèce en danger ?

Cet article n'a pas pour but de viser un acteur précis de la pêche du bar. Il s'agit juste de faire un bilan sur les comportements des pros mais aussi des plaisanciers qui sont dangereux pour la ressource !!!



INTRODUCTION

Tellement convoitée par la pêche professionnelle et récréative, la ressource de Bar baisse rapidement. C’est en effet un poisson très apprécié et très recherché par le consommateur donc par la pêche professionnelle mais aussi par le pêcheur plaisancier tant il est plaisant à pêcher de part sa « traque » et sa combativité. Menacée ? L'espèce n'en est pas encore là mais pourrait y arrivée tellement les chiffres sont effrayants. Professionnels et plaisanciers ont tous les deux des impacts important sur la ressource.



1. PÊCHE PROFESSIONNELLE


1.1 Techniques de pêche

Le chalut pélagique est la principale technique de pêche employée pour le Bar. Ce qui fait de cette pêche qu’elle est « destructrice » est que c’est principalement ce type de chalut qui est utilisé pour pêcher sur les zones de fraie durant l’hiver. Il est aussi dit « destructeur » tant il peut atteindre des tailles considérables (il peut atteindre 90 m par 70 m à l’ouverture et 150 m de long). Intensément pratiqué depuis les années 70, le chalut pélagique est un grand filet en forme d’entonnoir traîné par un seul ou, le plus souvent, deux chalutiers (technique dite en boeuf). Avec environ 4 000 tonnes de poisson par an, la pêche au bar au chalut pélagique est une spécialité française.


Pêche au chalut bœuf-pélagique


Mais le bar n’est pas uniquement pêché de cette façon, il est aussi pêché :

- à la bolinche, qui peut elle aussi être destructrice quand elle se met à cibler le bar étant donné qu’elle a la possibilité d’entourer le banc complet d’un seul « coup de filet ». Heureusement, cette technique n’est pas trop présente l’hiver sur les frayères.

- au filet et au chalut de fond, mais les prises sont moindres par rapport au pélagique et ces techniques ne sont pas ou peu employées sur les frayères.

- à la ligne : palangre, BAO, traine, mais ce sont des techniques « propres » et sélectives qui n’ont qu’un impact limité sur la ressource. De plus, les ligneurs respectent une période de reproduction du bar en arrêtant de le pêcher entre le 1er février et le 15 mars, période à laquelle il semble le plus vulnérable, puisqu’il se regroupe en banc de plusieurs milliers d’individus.



1.2 Pêche sur les frayères

La période de reproduction du Bar s’étend de fin décembre à Mai selon les zones, les températures durant l’hiver etc. Durant cette période, le Bar se rassemble dans ce que l’on appelle des frayères, principalement en Manche. Le problème est que durant les deux principaux mois de reproduction du bar (février et mars), environ vingtaine voir une trentaine de paires de chalutiers ratissent les frayères de la Manche. Les bars n’ont ainsi pas la possibilité de se reproduire comme ils le devraient, ce qui est très dangereux pour la continuité de l’espèce ! De plus, les bars pêchés durant l'hiver sont difficiles à vendre, les quantités étant importantes. Durant l’hiver, les cours du Bars chutent, s’effondrent même, passant de 15-20€ à 5-6€ tellement l’apport est important.


Certains groupes de la grande-distribution tel qu’AUCHAN, ont décidé de ne plus commercialiser de bars de pêche durant l’hiver.

Les pêcheurs pratiquant cette pêche assurent travailler pour « la bonne cause », c'est-à-dire le consommateur, en lui offrant la possibilité d’acheter du bar « discount » tandis que celui-ci est assez cher durant l’été. Pour la plupart des bateaux « bœuf-pélagique », au moment de la fermeture des quotas d’anchois, il a bien fallu trouver une bouée de survie, le Bar en a été une !


Certains pros, trouvent cette pratique regrettable pour la ressource et pour la filière.

Les pêcheurs artisanaux font remarquer que l’impact se fait nettement ressentir sur la taille de la ressource.

Selon un autre point de vue de pêcheurs, la ressource va bien et ils n’en n’ont jamais vu autant. Seulement, pour combien de temps ?



Direction la poubelle pour ce surplus de bar pêché durant l'hiver 2010.



De plus, certains bateaux ne respectent pas les quotas qui leurs sont attribués. (5 tonnes par bateaux par semaine).

Des débarques suspectes ont lieu durant « la campagne du bar », à Roscoff par exemple, où certaines pêches sont débarquées discrètement (lire l’article « Halte au massacre » sur ce sujet).


La quantité et la taille moyenne des bars débarqués annuellement sont à la baisse depuis plusieurs années, preuve que la ressource diminue !!!



2. PECHE PLAISANCE

Très recherché l’hiver par la pêche professionnelle, le bar est aussi énormément « traqué » par la plaisance quasiment toute l'année. Ainsi, à l’arrivée des beaux jours, ce n’est pas moins d’1,45 million de passionnés qui s’adonnent à leur loisir : la pêche du bar. Pêché principalement à la ligne (leurres, à l’appât au posé, traine, palangre, BAO, surfcasting, bouchon etc), il est aussi parfois pris au filet.


2.1 Période de reproduction

L’hiver, certains plaisanciers respectent un repos biologique comme les ligneurs, afin de laisser le bar se reproduire. D’autres s’arrêtent uniquement car la météo n’est pas favorable durant l’hiver. Certains, eux, continuent de le pêcher…..

Méconnaissance de la période de frai ou """braconnage""" volontaire ? Je ne pourrais répondre.


2.2 No-kill et Quotas

Le no-kill « le refus de tuer » le poisson ou le catch and release « pêche et remise à l’eau » est pratiqué par bon nombre de plaisanciers. Ceux-ci pratiquent une pêche dite « sportive ».

Le pêcheur sportif remet bien sûr tous les poissons non-maillés ainsi que la plupart de ses prises maillées. Il ne garde donc que très peu de poissons. Il s’impose une maille à 42cm, TAILLE BIOLOGIQUE DE REPRODUCTION. Il voit le bar comme un « partenaire de jeu » plutôt que comme « le repas du soir ».


Malheureusement, tous ne sont pas comme eux. Certains pêchent sans se préoccuper de la maille de 36cm, taille LEGALE de capture, sans se préoccuper du nombre de poissons qu’ils prélèvent, et sans se préoccuper de l’avenir de la ressource.


La loi actuelle dit :

« est autorisée comme pêche maritime de loisir, la pêche dont le produit est destiné à la consommation exclusive du pêcheur et de sa famille et ne peut être colporté, exposé à la vente, vendu sous quelque forme que ce soit, ou acheté en connaissance de cause »


Cette « délimitation » héritée d’une ordonnance royale de 1681, permettant à tout pêcheur récréatif de pouvoir nourrir sa famille de sa pêche, n’aurait-elle pas fait son temps fasse au problème que la ressource rencontre aujourd’hui ? Il est désormais temps de se poser la question si cette loi n’est pas trop vague et ne représente pas un réel danger face à la dégradation de la ressource ces dernières années et à l’augmentation du nombre de pêcheurs récréatifs.

Cette limite ne fait malheureusement pas la différence entre une espèce dont les stocks se portent très bien et une espèce pour laquelle l’avenir est un peu plus flou.

Certains savent se limiter. D’autres ramassent tant que le poisson mord à l’hameçon…



3. LES SOLUTIONS

Pour que l’espèce puisse durer et ne pas passer en zone rouge, comme la morue ou le thon rouge, il suffirait de changer quelques « petites » choses.



3.1 Période de reproduction

Le bar étant donc en pleine reproduction durant l’hiver, il suffirait de restreindre la pêche au bar durant ces mois, aussi bien pour les PROS que pour les PLAISANCIERS, au moins durant les principaux mois du frai.


3.2 Maille de capture

Actuellement, la loi française donne une maille de capture du Bar de 36 cm en Mer du Nord, Manche et Atlantique et de 30 cm en méditerranée.


Le but d’une maille n’est-il pas normalement de permettre de pérenniser une espèce ?


Pour le bar, la maille légale de capture, ne participe pas à cela. En effet, lorsqu’il atteint la maille de 36 cm, le Bar femelle s’est déjà reproduit contrairement à un Bar mâle qui, lui, se reproduit à 42 cm. Tout cela veut donc dire qu’on prélève du poisson qui n’est pas reproduit, et en toute légalité, au détriment de la ressource… Puisqu'on a aucun moyen de voir à l'oeil nu si c'est un mâle ou une femelle, il suffirait donc d’augmenter cette maille à un minimum de 42cm afin de ne pêcher QUE des bars reproduit au moins 1fois. Mais il faudrait aussi plus de contrôles pour vérifier que cela est respecté !!



3.3 Quotas

Pour mettre un terme, enfin, à « l’ordonnance » datant de 1681 visant à autoriser les prélèvements dans la limite de la consommation familiale, il faudrait instaurer des quotas journaliers, hebdomadaires, ou mensuels voir annuels pour les plaisanciers. Les professionnels en ont, pourquoi les plaisanciers n’en auraient pas ? De plus, selon les estimations, les plaisanciers tous réunis, pêcheraient PLUS que les pros (5600 tonnes pour les plaisanciers contre 5315 tonnes pour les pros en 2007). En moyenne, la pêche de loisir représente donc pour ce poisson 105% des prélèvements des professionnels.



4. LES ENJEUX

Les enjeux sont simples : avec la déclaration du bar comme « espèce en voie d’extinction » une grande partie de la filière maritime française s’écroulerait. Toute la flotte professionnelle qui survie grâce au bar serait condamnée à sombrer. Toute la filière plaisance, serait elle aussi très durement touchée car la pêche au bar c’est en gros 5 magazines, une dizaine de boites de distributions, des fabricants d’électronique, et aussi indirectement tout le marché du bateau car 40% des achats de bateaux sont destinés à devenir des bateaux de pêche plaisance…



Il est donc grand temps d'agir !!!

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Les prix de vente en magazin durant l’hiver montrent bien que la quantité pêchée est énorme



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Article "Halte au massacre !!!" : ICI


Article "Consommation familiale ou quotas dédiés ?" : ICI


Article "Les pêcheurs cotiers trinquent" : ICI


Communiqué de presse des ligneurs de la Pointe Bretagne : ICI

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Crédits photos : Barges du 44, et divers site internet.


Désolé à eux d’ailleurs de publier les photos sans leur accord, mais cet article était à l'origine destiné au lycée pour lequel je devais faire une recherche sur une espèce en danger. J'ai donc pris ces photos à ce moment, et je ne me souviens plus maintenant où je les ai prises pour aller demander l'accord. Si vous voyez une de vos photos et que vous n'êtes pas d'accord pour sa diffusion, faite le moi savoir, je la retirerais !!

vendredi 12 novembre 2010

Percage - Equilibrage de la vessie du Bar et du Maigre


Pratiqué par de plus en plus de pêcheurs souhaitant remettre leurs prises à l’eau « en forme », le perçage de la vessie natatoire n’est malheureusement pas toujours correctement réalisée. J’ai moi-même essayé de le faire sur un poisson que je trouvais un peu gonflé mais « forcément » je l’ai loupé. C’est à ce moment là que met venu l’idée de cet article.

J’ai donc pris contact avec Arnaud de Wildenberg que j’avais vu pratiquer le perçage dans un reportage du journal régional de France 3 et c’est en le questionnant que j’ai découvert que c’est lui –même qui à mis au point cette technique. Il y a 4ans, lorsqu’il à commencé, ça n’était qu’expérimental. Au début, quelques poissons sont morts, mais depuis, la méthode a été mise au point et porte largement ses fruits.

Maintenant, petit à petit, tout le monde commence à la pratiquer.

J’ai aussi contacté Olivier Journaux, plus souvent appelé « Captain OJ ». Lui, c’est en lisant son blog que j’ai découvert sa pratique. Olivier à tout simplement essayé la technique d’Arnaud, destinée aux Bars. Convaincu, il l’a adapté sur le Maigre. Tout comme Arnaud pour le Bar, il a fallut « tâtonner » un peu au début. Désormais la technique est au point, et d’après le captain, « c’est top ! ».


L’objectif

L’objectif de cette « opération », est de pouvoir garder le poisson vivant dans le vivier, en le ramenant à la pression de la surface.

Si on ne souhaite pas le mettre en vivier, pas besoin de le « percer ». D’après Arnaud, «le mieux, est de le relâcher immédiatement».

Pour le maigre, l’idée est venue à Olivier Journaux en voyant ce qu’Arnaud faisait. « Ce qui me dérangeait, c’était de relâcher un poisson sans même le monter à bord » il a alors adapté la technique au Maigre afin de permettre à ses clients de profiter un peu de leurs prises car « c’est par sa présence qu’on donne du plaisir au client qui apprécie de garder un poisson en vie et ensuite le relâcher. »

La technique

Tout d’abord, la première question à se poser, est si on souhaite garder le poisson en vivier ou non. Si non, ça ne sert à rien de le percer, une relâche immédiate est bien plus efficace. Il faut aussi savoir au passage, que la survie des bars dans un vivier, dépends de la quantité d’eau contenue ainsi que de son renouvellement.

Ensuite, cela dépend de la profondeur où le poisson à été pris. Il n’est pas nécessaire de percer les Bar pris dans moins de 10m d’eau, environ 20m pour les Maigres (sauf si dans le vivier vous remarquez un comportement anormal). Pour ce qui est de la taille, tous poisson peut être opéré, mais plus ils deviennent gros, et plus cela devient nécessaire de procédé au perçage de la vessie. De toute façon, dès lors que l’on remarque un gonflement anormal du « ventre » du poisson, il faut le percer.

La méthode d’Arnaud de Wildenberg pour le Bar est la suivante :

« En longueur je prends la quatrième épine dorsale, puis je descends de cinq à six écailles sous la ligne latérale, j’introduis mon aiguille de manière tangentielle de l’arrière vers l’avant et je soulève les écailles, la je redresse mon aiguille perpendiculairement et je la descends à la verticale, je mets un peu de salive sur le bout de mon aiguille, ce qui me permets de vérifier que j’ai bien atteint la vessie natatoire. Je pique à cet endroit, car après avoir disséqué un bar tout juste pris, c’est à cet endroit que la vessie natatoire est la plus large et donc le risque d’erreur le plus minime »


Désormais, Arnaud équipe chacune de ses aiguilles d’un petit bout de laine et d’une rondelle de bouchon de bouteille qui sert de flotteur. Avec ce système, plus besoin de compresser les poissons à la main « je les mets dans le vivier avec leur aiguille, les pressions s’équilibrent toutes seules. Ensuite ils perdent leurs aiguilles et je les récupère à la surface. Autre avantage en tant que guides cela me permet de traiter de nombreux poissons à la fois. »


Pour les Maigres, lorsqu'ils sont dans l'eau (vivier ou mer) Olivier pique dans le bas du ventre, juste avant « l’anus ». A ce moment le poisson récupère rapidement une respiration « normale ». Il suffit alors de lui masser le ventre en poussant l’air vers l’aiguille. Le poisson se remet alors en position normale, c'est à dire ventre en bas puisqu’il n’a plus l’effet « bouée » de sa vessie remplie d’air.


Etant donné la taille assez conséquente de certains Maigre, il n’est pas toujours facile de les mettre en vivier. Pourtant, d’après Olivier « le passage par le vivier est un plus, ça permet de vérifier que l’air s’échappe bien et qu’il respire normalement, dans l’eau direct, on prend le risque de le voir partir avec une aiguille dans le ventre. »


Ce maigre de 22kg5 a été percé par les soins du Captain OJ. Il a été filmé après la remise dans son élément. Il avait l'air plutôt en forme pour un poisson de cette taille qui a subit un combat de 1h35 ? convaincu maintenant ? Vidéo : ICI



Le matériel

Une aiguille « rose » de pharmacie, c’est tout ce dont vous avez besoin, aussi bien sur le Bar que le Maigre. En plus de ne prendre aucune place, ça ne coute rien, 10 à 30 centimes pièce.

Conclusion

La technique du perçage de la vessie se répend de plus en plus, notamment grâce à l’action des guides qui montrent à leurs clients, de visu, la méthode à employer. Ceux-ci repartent chez eux et la pratiquent à leur tour. Selon Olivier « Le fait d’immortaliser la prise par une photo suffit bien plus à ses clients, que de ramener le poisson dans un plat, et cela contribue à leur faire aimer le poisson vivant et pas ensanglanté au fond d’un bac. » car comme le dit Arnaud, « La ressource est fragile, essayons de relâcher un maximum de poissons sans les blesser. Pensons à la génération future et respectons le poisson et la mer… ».

Le mot de la fin est pour Olivier, « les mentalités changent très vite et c’est ce qui sauvera la mer et la ressource ! »



Alors équipez vous tous de ces petites aiguilles roses qui ne coûtent rien, ne prennent aucune place, et permette de sauver les poissons que vous souhaitez rendre à la nature, à condition de pratiquer les bons gestes expliqué ci-dessus.

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Cette technique n’est pas à essayer sur les lieus, du fait de sa toute petite vessie natatoire. (Etant donné que son équilibrage est assuré par son foie surdéveloppé et plein d’huile. (Source : Arnaud de Wildenberg)
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Documents supplémentaires :



- Reportage de Thalassa où l'on voit Arnaud pratiquer se geste (à 1h06min29s) : Vidéo ICI
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Crédits photos :

- Captain OJ
- Arnaud de Wildenberg
- Pierre Steboun

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Crédits vidéos :

- Captain OJ
- Arnaud de Wildenberg
- Thalassa